Trois accords économiques imminents, pour faire de la Terre un immense marché

Dans cette situation de crise mondiale, où tout ne tient qu'à un fil, les politiciens et PDG s'arrangent pour rassurer les marchés. C’est ainsi que se multiplient les accords économiques, qui garantissent aux investisseurs des rendements sans cesse croissants puisqu’ils permettent aux entreprises de faire ce qu'elles veulent, où elles veulent.

Dans cette situation de crise mondiale, où tout ne tient qu'à un fil, les politiciens et PDG s'arrangent pour rassurer les marchés. C’est ainsi que se multiplient les accords économiques, qui garantissent aux investisseurs des rendements sans cesse croissants puisqu’ils permettent aux entreprises de faire ce qu'elles veulent, où elles veulent.

En permettant aux entreprises de supplanter les législations locales, les accords économiques décuplent les profits… et les atteintes aux droits et besoins fondamentaux des peuples. Nous l'avons vu par le passé avec l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Les entreprises nord-américaines ont engrangé des profits monstres en délocalisant la production, mais la population a perdu beaucoup : augmentation du chômage ici, de l’exploitation au Mexique et dégradation des conditions de travail pour tout le monde.

Or, ce n’est pas un, ni deux accords économiques qui nous pendent au bout du nez, mais bien trois ! Trois accords économiques qui permettront aux banques et aux actionnaires de spéculer à loisir, de s'approprier, avec la complicité des États, ce qui appartenait à la sphère publique (privatisation) et d'avoir tous les droits (déréglementer, renforcer la propriété intellectuelle, freiner l’augmentation du salaire minimum, etc.). Voici les noms de ces trois monstres : APT, AECG, TPP.

L’Accord de partenariat transatlantique (APT)

L'APT, inspiré de l'Accord multilatéral sur les investissements (AMI), est négocié depuis juillet 2013 par les États-Unis et l’Union européenne. Elle représente le comble du comble de la déréglementation ! Son principal objectif est de contourner les timides réformes mises de l’avant par le gouvernement américain pour éviter que se reproduise la crise des subprimes1.

Ces triples prêts hypothécaires, créés par la banque JP Morgan et approuvés AAA par les agences de notation, vendus en bourse comme placements « sûrs », ont provoqué directement ou indirectement une crise monstre en Grèce 2 le chômage d'un jeune sur quatre en Espagne3, l'austérité partout sur le globe...

La simple logique commandait que ces produits soient prohibés. Mais comme ils restent fort lucratifs pour leurs créateurs, les banquiers travaillent à déréglementer le secteur de la haute finance pour les y réintroduire, pesant de tout leur poids dans la création de l'APT. Il semble que tout sera en place pour recommencer à approfondir le gouffre économique béant dans lequel le globe s'enfonce déjà!

AECG : Accord économique et commercial global entre l'Union européenne et le Canada

L'AECG, c'est gigantesque ! Ça touche à tout : commerce des biens, services, protection des investisseurs, contrats publics, mobilité de la main-d’œuvre, etc. Selon Harper, il aura plus d'impact que l'ALÉNA ! L'AECG renferme l'article 11 de l'ALÉNA et même la possibilité de privatiser l'eau4

Cet accord économique, avec la mise sur pied de tribunaux servant à protéger les droits des entreprises d’ici et d’Europe, met le Canada à la portée d'entreprises européennes qui ont déjà fait des recours contre le salaire minimum 5.

Trans-Pacific Partnership (TPP)

Le TPP est un traité multilatéral de libre-échange qui vise à intégrer les économies de la région Asie –Pacifique. C'est un traité qui inclut déjà le Bruneï, le Chili, la Nouvelle-Zélande et Singapour, auxquels veulent s'ajouter le Canada, les États-Unis, le Mexique, le Japon, l'Australie et le Pérou. C’est pour tenter de conserver la suprématie des États-Unis qu’Obama s’est embarqué dans ce traité, dans le but de voler des parts de marché au géant chinois, notamment en s'immisçant encore plus en Birmanie6.

Les effets de ce traité sont multiples : favorisation de la délocalisation d’emplois, pression pour importer la nourriture et diminuer les normes d’étiquetage, limitation de la liberté sur Internet, prolongation de la durée des brevets des médicaments (donc augmentation des frais, donc plus de risques pour la santé), permission aux entreprises de poursuivre les pays qui entravent leur accumulation de profits et, bien sûr, déréglementation des marchés financiers.

Pas de sauvetage du capitalisme

Opposons-nous à ces accords économiques ainsi qu’aux autres solutions censées sauver le capitalisme – et qui ne font que nous enfoncer chaque fois plus profondément dans une logique sociopathe.

Ceux qui proposent de contrebalancer la mondialisation économique par la mondialisation des États, faisant valoir que cela permettrait de faire des lois supranationales comme le Glass Steagall Act II7, ne proposent finalement que de déplacer le problème. Si les États locaux sont aussi pourris, comment croire en un État supranational, en un marché intégré « social-démocrate » ou « néo-keynésien » ?

La solution du sauvetage bancaire, comme les 700 milliards de dollars investis aux USA afin de sauver les banques (les mêmes qui ont créé la crise), n’est manifestement pas une solution, puisque celles-ci en sont déjà à reproduire la plus récente crise qui a secoué les États-Unis par la manipulation des devises8.

La seule et unique solution provient des rues de la Grèce, de l'Espagne, du Portugal, des USA... de partout dans le monde :

Pas de sauvetage du capitalisme, ni par dons de milliards aux banques, ni par la mondialisation, ni par les super-États (UE, Troïka...).

Notre opposition à l’AMI et à la ZLÉA ont réussi à contrer les plans des capitalistes. Ces accords sont enterrés. Nous pouvons aussi enterrer TPP, TPA et AECG!

Il y a bien plus d'oppriméEs que d'oppresseurs dans ce monde. « Ils ont le chiffre, on a le nombre ! » comme le dit si bien Keny Arkana. Ils ont été submergés avec les printemps, les Occupys, la résistance contre les accords de libre-échange passés ? Ils seront submergés à nouveau par notre colère !



Notes

1 Selon le Monde Diplomatique, « Cinq ans après l’irruption de la crise des subprimes, les négociateurs américains et européens ont convenu que les velléités de régulation de l’industrie financière avaient fait leur temps. Le cadre qu’ils veulent mettre en place prévoit de lever tous les garde-fous en matière de placements à risques et d’empêcher les gouvernements de contrôler le volume, la nature ou l’origine des produits financiers mis sur le marché »
(www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/392930/libre-echange-pa...).
2 http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/des-subprimes-a-la-de...
3 http://www.liberation.fr/economie/2010/12/22/l-espagne-hypothequee-par-l...
4 http://tradejustice.ca/?lang=fr
5 « On a pu voir récemment des sociétés européennes engager des poursuites contre l’augmentation du salaire minimum en Égypte ou contre la limitation des émissions toxiques au Pérou » (www.monde-diplomatique.fr/2013/11/WALLACH/49803).
6 http://m.lesechos.fr/redirect_article.php?id=0202411656472
7 « Restoring trust after Diamond », Financial Times,‎ July 3rd, 2012.
8 http://affaires.lapresse.ca/opinions/chroniques/stephanie-grammond/20140...