LE GAZ À EFFET DE SERRE ET LES PIPELINES

La vague actuelle de construction se produit alors que le prix de l’essence est particulièrement élevé. Les sables bitumineux et le gaz de schiste étaient pendant longtemps considérés comme non-économiquement rentables à extraire. C’est le cercle vicieux de l’extractivisme : plus on extrait, plus les ressources deviennent rares, ce qui fait en retour monter les prix et donc plus il est rentable d’extraire, même en utilisant des techniques peu efficaces. En effet, ce n’est qu’avec le tournant des années 2000 et la raréfaction des ressources pétrolières que le gaz de schiste et les sables bitumineux sont devenus économiquement viables à exploiter. Cette rentabilité s’exprime entre autres par le ratio de la quantité d’énergie nécessaire pour extraire une unité d’énergie de ces ressources. Ainsi, l’extraction du gaz traditionnel nécessitait 1 unité d’énergie (pour alimenter les pompes) pour extraire 25 unités d’énergie dans les années 1970s [1]. Dans le cas du gaz de schiste et des sables bitumineux, les estimations de consommation d’énergie varient entre 1 unité d’énergie pour 4 ou 7 extraites. C’est donc vraiment plus polluant. Non seulement les hydrocarbures extraits vont polluer, mais polluent du fait même de leur extraction.

Il est aussi important de garder en tête que ce pétrole ne vise pas une consommation locale. En effet, la raison pour laquelle la question des pipelines est aussi importante, c’est que l’objectif de CGL est d’exporter le gaz vers l’Asie. Non seulement les risques de déversements en mer sont plus élevés, mais ce transport est aussi polluant. Bref, ce n’est pas pour rien que même le gouvernement du Québec a fait un moratoire sur le gaz de schiste : ce pétrole doit rester dans la terre !

Certains objecteront que le gouvernement canadien s’engage par rapport aux gaz à effet de serre dans le cadre des COP annuelles, et qu’il n’y a pas de problème puisqu’il respecte ses engagements. Toutefois, la seule chose qui compense pour l’intensification de l’extraction des sables bitumineux et du gaz de schiste pour l’instant, c’est le passage de centrales au charbon à des centrales au gaz naturel hors Québec [2]. Ce faisant, le gouvernement canadien reporte le passage à des énergies renouvelables (ou une réduction de la consommation énergétique) à la semaine des quatre jeudis, soit à la fin de vie de ces nouvelles centrales, dans 30 à 40 ans.

De plus, si les pipelines permettent de grandement accélérer l’extraction du pétrole, Coastal GasLink permettra de transporter 1.7 à 5 milliards de pied cube de pétrole par jour [3]. Une fois le pipeline construit, il s’agit d’un engagement définitif à maintenir la production de combustibles tout aussi polluants à produire. En effet, le pipeline étant estimé à 4 milliards de dollars, chaque jour de la durée de vie utile du pipeline coûte plus de 350 000$. Ainsi, une fois construit, le pipeline doit absolument être utilisé s’il veut être rentabilisé. Cette utilisation implique une augmentation massive de la production de gaz de schiste, qui fera dépasser largement les engagement du Canada en matière de gaz à effet de serre. Plus l’extraction de ces combustibles continuera, plus l’énergie nécessaire pour l’extraire sera grande, vu la nécessité d’aller plus profond et d’utiliser des techniques plus dommageables.

 

Sources :