20 phallus parmi les plus puissants

Grand moment dans l’histoire du Canada. Du 25 au 27 juin, à Toronto, se réuniront les grands phallus de ce monde (bon, il y a bien un ou deux vagins dans le tas, mais certes pas une majorité) dans le cadre d’un Sommet du G20, ce caucus des pays les plus riches qui se sont autoproclamés les bienfaiteurs de ce monde. Au-delà du fait que personne ne les ait choisis pour s’occuper, seuls, du sort du monde, le G20 n’a aucune légitimité politique.

C’est qui, le G20?
Le G20, c’est le groupe des 20 pays les plus industrialisés de la planète. Une fois par année, ces dirigeants se rencontrent entre copains, c’est-à-dire entre hommes, riches, puissants et très majoritairement blancs, pour discuter des grandes questions de l’heure, telles que la croissance économique et la sécurité. (La sécurité de qui et pourquoi? Certainement pas celles des femmes migrantes qui cherchent à quitter un pays en guerre, guerre menée soit dit en passant par nos pays riches. Certainement pas non plus pour des raisons humanitaires, féministes ou autres, mais bien évidemment pour protéger la richesse des plus riches, d’autant plus que le développement économique se fait sur le dos des plus pauvres et des femmes.) Cette année, les dirigeantEs des 20 économies les plus importantes de la planète seront les invitéEs de notre charismatique Stephen Harper, qui nous serine depuis quelques mois la chanson de la santé maternelle et infantile.


Quelle vision du monde proposent ces phallus?

Les décisions économiques et financières prises par les phallus voleurs et meurtriers du G20 affectent durement les femmes, encore plus durement que les hommes, et ce, partout sur la planète. Une lecture féministe radicale du capitalisme suggère que le maintien de ce système est impossible sans l’extorsion de la force de travail des travailleuses– qui comptent parmi les plus pauvres - par des employeurs hommes (en majorité). Cela dit, non seulement les hommes « achètent » la force de travail des femmes, mais ils s’approprient également GRATUITEMENT le travail des femmes dans l’économie domestique. Le système capitaliste travaille donc de pair avec l’économie patriarcale (et parfois même avec des systèmes archaïques comme le féodalisme). Ainsi, les biens et services produits par les femmes dans la famille (la bouffe, par exemple) le sont gratuitement tandis que s’ils étaient produits sur le marché, ils seraient vendus et la personne obtiendrait un salaire en échange de sa force de travail. Ajoutons à cela que le système capitaliste « rappelle à l’ordre » les femmes qui auraient un trop grand besoin d’autonomie (et les lesbiennes). Comment ? En offrant de moins bons salaires, de sorte que plusieurs se disent intérieurement ou disent parfois ouvertement qu’elles ont besoin d’être en couple avec un homme pour assurer leur survie ou pour augmenter leur qualité de vie. Ensuite, une fois en couple, elles travailleront GRATUITEMENT pour le conjoint ou le mari qui peut soit 1) vendre ce travail GRATUIT sur le marché du travail (comme dans le cas des femmes qui « donnent un coup de main » à leur mari-travailleur-autonome), ou 2) en tirer immédiatement profit en dégustant un bon souper par exemple. Pour celles qui vivent sans hommes Elles ne se font peut-être pas extorquer leur force de travail par le conjoint, mais plusieurs doivent conjuguer avec les conséquences de la pauvreté. En somme, le fait que 70% des pauvres et 60% des analphabètes dans le monde soient des femmes ne fait pas un pli sur la poche de ces 20. En consolidant leurs intérêts et ceux d’autres hommes bien nantis, les 20 maintiennent - entre autres - les femmes en situation de pauvreté, assurant, du même coup, l’exploitation des femmes dans l’économie patriarcale. Le modèle de développement proposé par ce club select cherche aussi à reproduire des élites mâles qui en profitent.


La santé maternelle et infantile à la sauce Harper

Est-ce pour cette raison que le PM du Canada, roi couronné de l’extrême-droite des quelques arpents de neige, s’est mis récemment à délirer sur la santé maternelle et infantile? Au sommet du G20 (et du G8), le gouvernement canadien tentera de convaincre ses acolytes d'appuyer ses «efforts» concernant l'immunisation, l'accès à l'eau potable, la saine nutrition et l'amélioration de la formation destinée aux travailleurs et travailleuses de la santé présents sur le terrain et affectés aux accouchements et aux soins de santé des enfants. Quasi nulle part on ne parle de planning familial, donc de services d’avortement gratuits et accessibles, et on parle depuis peu d’accès à la contraception, du bout des lèvres. Les chefs de file du capital mondial assurent ainsi la reproduction des privilèges masculins, soient ceux de disposer du corps des femmes et d’empêcher que nous décidions si oui ou non nous voulons des enfants. Dans la vision de l’hôte du G20, les femmes ne sont que des mères, des utérus, et rendent possible, par leurs ovaires qu’ils (hommes) peuvent remplir, la reproduction des systèmes tels que le colonialisme et le racisme mais surtout du système patriarcal (ou des systèmes patriarcaux).

Il apparaît donc important de faire entendre nos voix et notre colère féministes les 25-26-27 juin 2010 à Toronto dans le cadre des résistances contre le G20 organisées par la coalition féministe radicale en lien avec la CLAC 2010.

Surveillez nos activités via le http://www.clac2010.net