Le dogme du capitalisme : un cul de sac inévitable…

On nous martèle depuis déjà beaucoup trop longtemps les formules milles fois répétées de ce discours vide nous demandant une croyance aveugle en les vertus du dogme de la croissance économique, selon lequel le capitalisme allait apporter le développement et le mieux-être pour tous et que les pays dits « sous-développés » parviendraient un jour à jouir de ses bienfaits, comme l’avaient réussi les pays industrialisés. « Il faut d’abord créer la richesse pour ensuite la distribuer » disait-on. Ah oui…mais jusqu’à quand ?! Les promesses de développement ne se sont jamais matérialisées, celles de redistribution de la richesse encore moins et les conditions de vie des populations des pays pauvres n’ont fait que se détériorer jusqu’à atteindre des niveaux de misère extrême pour une grande partie d’entre elles. À présent, les ressources nécessaires à la reproduction et au développement du capitalisme doivent venir non plus seulement des pays du Sud, mais aussi des pays occidentaux.

Que se passe t-il si même au Nord, on fait primer les besoins de l’internationalisation du capital sur ceux des populations, si les droits des investisseurs et des entreprises priment sur les droits sociaux des individus ? Que se passe t-il si les plans d’ajustement structurels ne se limitent plus aux pays du Sud et si les politiques de balance des paiements doivent être suivies aussi par les pays occidentaux ? Il se passe ce qui est en train d’arriver : non seulement les conditions de vie dans les pays du Sud sont de plus en plus catastrophiques, mais celles des populations du Nord se détériorent également à un rythme qui va en s’accélérant.

La situation est désastreuse pour des milliards d'êtres humains : pertes massives d'emplois, baisses des salaires, faillites à la chaîne, sous-alimentation, appauvrissement, guerres, répression et désespoir. Le système de production et de consommation capitaliste génère une accumulation et une concentration barbare des richesses au niveau mondial. Les chiffres sont révoltants : 2 % de l'humanité concentre actuellement 50 % du patrimoine de la planète, alors que la moitié de la population mondiale n'en détient que 1 %. Concrètement cela signifie que 327 personnes possèdent 46% de toute la richesse mondiale, alors que nous sommes 6,5 milliards d’être humains sur la planète… Quatre personnes dans le monde (incluant le cher Bill Gates) possèdent à elles seules plus de richesses que 42 pays où vivent 600 millions de personnes! Le fossé entre les riches et les pauvres se creuse avec une vitesse vertigineuse partout dans le monde ; d’années en années les riches sont moins nombreux et plus riches, les pauvres sont plus nombreux et plus pauvres, au Nord comme au Sud. C’est absolument inacceptable !

Le capitalisme est un système extrêmement violent qui se nourrit de l’injustice, où une minorité s’enrichie avec la misère de la majorité. Dans les pays du Sud, qu’il s’agisse des leaders syndicaux qu’on assassine pour ne pas faire perdre de compétitivité à l’entreprise étrangère ou les paysans qu’on chasse violemment de leurs terres, parce qu’ils ont les pieds sur des gisements miniers ou pétroliers, les « obstacles au commerce » sont souvent simplement les gens qui revendiquent leurs droits les plus fondamentaux. Dans les pays occidentaux, les entreprises décrient les « trop bonnes » conditions de travail (salaires décents, fonds de pension, etc.) ainsi que les programmes sociaux, comme étant des « obstacles au commerce » qui empêchent le « libre accès » aux marchés (des services, entre autres) et ralentissent la croissance. Mais il y a lieu de se demander à qui sert ce dogme de la sacro-sainte « croissance économique » ; croissance de quoi et pour qui ? Car c’est au nom de ce dogme idéologique du capitalisme, que les entrepreneurs, avec la complicité des gouvernements, n’hésiteront pas à charcuter allègrement dans nos acquis sociaux, gagnés par les luttes populaires et syndicales au cours de l’histoire.

Selon un rapport du Centre canadien de politiques alternatives, en 2008, les 100 dirigeants d'entreprises canadiennes les mieux payés ont empoché en moyenne 7,3 millions de dollars. La rémunération de ces dirigeants représente 174 fois le salaire moyen d'un travailleur canadien. En 2010 le canadiens devront travailler à plein temps toute l'année pour empocher la moyenne nationale de 42 000 $. Les PDG du club des 100 gagnent ce montant en une demi journée de travail !

Chez nous, la Banque Nationale a versé à Louis Vachon, le chef d'entreprise québécois le mieux rémunéré, 10,5 millions en 2008 en salaire, prime et actions. Chez Bombardier on a versé 23,1 millions de $ aux 6 plus hauts dirigeants de la compagnie en 2008. Pourtant depuis 2008, Bombardier a mis à pied plus de 5 000 employés, plaidant le « ralentissement économique », malgré le fait que l’entreprise a enregistré 1 milliards de $ de profit en 2008. Tout juste avant l’effondrement des marchés financiers, en octobre 2008, 200 dirigeants et administrateurs de grandes banques canadiennes se sont partagé plus de 150 millions de dollars en vendant les parts qu’ils détenaient dans leur entreprise. Pendant ce temps 417 000 personnes au pays ont été mises à la porte dans le contexte de la crise en 2008-2009. Actuellement, il y a plus d’un million et demi de personnes qui sont sans-emploi au pays, le taux de chômage atteint 8,2%, et ce, alors que plus de la moitié des chômeurs n'ont pas droit aux prestations d'assurance-emploi !

Durant la crise, les gouvernements ont injecté à coup de milliards dans les banques et autres multinationales avec l’argent des contribuables, pour qui l’aide est bien mince. De la même manière, sous prétexte de sauver le système financier et d’éviter les fermetures d’usines et les pertes d’emploi le secteur privé s’est vu accordé des sommes colossales. Pendant qu’on aide les compagnies avec des fonds publics, ces dernières dilapident nos biens communs et se répartissent la richesse. Elles se placent sous la protection des tribunaux pour pouvoir se restructurer en toute impunité. Effacer la dette, ne pas avoir à payer les régimes de retraire, mettre les gens à la porte, sans ne devoir rien à personne. Puis les PGD et administrateurs, ces mercenaires de l’économie, pourront repartir leur business as usual sous de nouveaux noms. Selon un document officiel du G20, c’est en fait 5 trillions de $ d’argent public qui a ainsi été dilapidé à l’échelle mondiale vers le privé ce qui a fait bondir les dettes publiques des gouvernements occidentaux ; il s’agit du plus grand détournement de fonds publics qu’on ait connu dans toute l’histoire ! Puis lorsque la tempête s’est apaisée, les gouvernements ont recommencé à emprunter aux banques pour financer le paiement de la dette. En d’autres mots les institution financières qui sont les véritables responsables de la crise et qui ont reçu les milliards provenant de nos impôts, sont celles qui ensuite ont prêté de l’argent aux gouvernements afin de les « aider » à se sortir des problèmes de budget découlant des plans de sauvegarde. Aujourd’hui afin de rembourser leur dette, les gouvernements nous servent leur propagande idéologique du déficit zéro et tentent de nous convaincre que c’est parce que nous vivons « au dessus de nos moyens » que les gouvernements sont surendettés ! À les entendre c’est encore aux travailleurs et aux plus pauvres à faire des sacrifices et ils ne proposent que des mesures régressives tels que l’augmentation des taxes et des tarifs, ainsi que les coupures dans les services publics et les conditions de travail, plutôt que des mesures qui permettraient d’aller chercher l’argent où elle se trouve, dans les poches des riches banquiers et entrepreneurs et dans les méga-profits du secteur privé.

On assiste en réalité à une socialisation généralisée des coûts de la crise. Nous devons nous rendre à l’évidence : la démocratie au sein du système capitaliste est une démocratie de carton. Nous faisons face à une élite politique qui ne défend en rien les intérêts de la population et encore moins des secteurs le plus vulnérables, mais qui au contraire défend ses intérêts de classe, celle de l’élite, riches PDG et politiciens, qui passent du monde de la finance au monde politique et vice-versa et se font des cadeaux entre petits copains.

Nous sommes en fait devant ce que le système capitaliste mis à nu a à offrir : crise alimentaire, énergétique, environnementale et financière. Cette crise sociopolitique et économique globale, n’est que symptôme d’un système barbare basé sur l’exploitation sans limite des humains et des richesses naturelles, sur la destruction de la planète, la commercialisation de la vie, l’avarice et la violence. Nous sommes convaincus que le capitalisme n’est ni réformable, ni humanisable parce que dans sa nature même il n’y a pas de place pour les principes de solidarité, de bien-être collectif, d’égalité et de justice sociale. Ces principes sont incompatibles avec le capitalisme, où règne la loi de la jungle, la loi du plus fort, où l’accumulation illimitée de profit est la seule règle du jeu et la seule chose qui jouisse de liberté. Nous ne pouvons plus tolérer autant de douleur, autant de drames humains, autant de souffrance et d’injustice. Il faut nous mobiliser et agir ensemble pour changer les choses !

Nous devons construire une alternative qui puisse garantir l’autodétermination, la souveraineté alimentaire et énergétique, l’équilibre environnemental et la justice sociale pour les peuples, sans dépendance aux dictats du marché et aux politiques criminelles des États capitalistes et de leurs outils de domination tel que le G8/G20. Mais un changement dans le paradigme de la production, de la consommation et de la redistribution de la richesse ne peut être possible que dans le cadre de transformations politiques, économiques et sociales profondes et structurelles. Le capitalisme a fait son temps. La vie peut et doit être meilleure !