Éditorial

Éditorial

La route est longue vers ce lieu dont nous rêvons, mais jour après jour, nous traçons les pistes qui mènent au monde que nous désirons. Nous sommes en marche, nous sommes partout et nos rangs s’élargissent de jour en jour.

Pris-e-s à l’étroit entre deux crises, nous n’avons plus le luxe d’attendre l’improbable suicide du système. Anticapitalistes, il est temps que d’un élan commun nous abattions l’ennemi commun.

Car le caractère qui nous uni est né d’un sentiment partagé de révolte contre l’injustice et la misère engendrées par un système fondamentalement malsain. Nous sommes à la croisée des révoltes contre ces autres systèmes d’oppression que sont le patriarcat, le classisme, le racisme, le colonialisme, l’impérialisme et l’hétérosexisme. Procédant d’une même logique, tous ces systèmes se répondent, se complètent et renforcent l’exploitation capitaliste 1.

Mais ce système porte en lui son ennemi le plus redoutable : la colère de celles et ceux qui souffrent par lui.

Les ingénieurs du capitalisme global parlent aujourd’hui de « crises » pour expliquer les lézardes qui fissurent les fondements de leur édifice. Mais pour les exploité-e-s, les opprimé-e-s et les oublié-e-s du système, le capitalisme lui-même n’a jamais été autre chose qu’une crise violente, perpétuelle, qui s’abat chaque jour sur leurs vies.

Les gouvernement nationaux, fidèles serviteurs du Capital, trahissent ouvertement leurs populations en transférant les fonds publics vers les institutions responsables de la prétendue « crise », celles qu’on dit « trop grosses pour échouer » - « too big to fail ! » 2.

C’est d’ailleurs pour régler les mécanismes de la concentration des richesses que les dirigeants et idéologues du G8 et du G20 se réuniront à Huntsville et Toronto les 25, 26 et 27 juin prochain. Rien ne révolte plus, disait Voltaire, que des personnages qui parlent à froid de leurs crimes.

L’oppression, c’est évident, ne disparaît pas sans l’insurrection de celles et ceux qui en subissent les coups. Mais pour que nos révoltes portent, pour réellement ébranler les structures du pouvoir, il nous faudra unir nos forces. Puisque tous les systèmes qui nous oppriment s’appuient les uns sur les autres pour rester debout, il ira de soi que nous nous unissions pour faire s’écrouler leur structure.

Lorsque les artisans de l’injustice se réunissent près de chez-nous derrière des palissades, des verrous et des hordes de chiens de garde, ruer dans les brancards pour fracasser l’illusion du consentement est la moindre des choses.

Mais ne nous contentons pas bêtement des artifices du spectacle. Les sommets du G8 et du G20, comme les rencontres du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale du commerce, ne sont que des mascarades où les chantres de la globalisation réitèrent ponctuellement leur consensus. Leurs machinations, elles, ne connaissent aucun répit et se perpétuent impitoyablement d’heure en heure, de jour en jour.

Pour citer un des articles publiés ici, « Nous ne percevons pas les manifestations contre les sommets comme des fins en elles-mêmes, mais comme des occasions de mobilisation et de contestation, ainsi que des lieux de rencontres et de convergences, afin de mettre en commun nos forces, nos pratiques et nos savoirs. »

Liguons donc nos luttes contre le monstre capitaliste, mais, surtout, unissons-nous au quotidien, dans nos communautés, dans nos localités et au-delà des frontières. Soyons anticapitalistes du matin jusqu’au soir, où que nous allions et quoi que nous fassions, dans nos choix de consommation aussi bien que dans nos rapports humains, dans nos rapports avec la nature et avec la vie. Forçons chaque jour les changements que nous voulons et façonnons dès aujourd’hui le monde que nous souhaitons.

Aujourd’hui, la route nous mène à Toronto pour protester contre le G8 et le G20, mais demain le système global d’exploitation sera toujours en place, et il le sera tant et aussi longtemps que nous ne prendrons pas ensemble tous les moyens nécessaires pour l’éradiquer.

Appel : À l’assaut du G8/G20 !
Convergence anticapitaliste sur Toronto
les 25, 26 et 27 juin 2010
La plaisanterie a assez duré...

Pour réserver votre siège:
transportg20@gmail.com
Visitez :
http://clac2010.net/
http://rage2010.net/
http://attacktheroots.net/

1 Le capitalisme a surgi du Moyen-Âge et s’est consolidé par la mainmise graduelle des bourgeoisies nationales sur les mécanismes du pouvoir. Il s’est fondé sur le sexisme et a systématisé le racisme ; il a toujours exploité plus, pour toujours générer plus de profits. Il s’est répandu par la violence aux quatre coins du monde, s’est enraciné partout et a défi ni tous les soi-disant empires. Il a mangé toutes les révolutions, a traversé toutes les idéologies et capturé tous les États.

2 En temps de prospérité, les États privatisent agressivement tout ce qui ne l’est pas encore et permettent que les richesses s’accumulent sans limites dans les mains des plus riches ; en temps de « crise », les coûts de l’échec du système sont impitoyablement socialisés et ce sont les plus pauvres qui, inévitablement, accusent le plus durement la brutale diminution de la qualité de vie générale.