Dossier: Drones de combat

Drones de combat : fabriqués au Québec?

Les drones de combat ne sont pas fabriqués ici, mais il serait incorrect de limiter la fabrication des drones de combat au seul appareil aérien. Une facette importante de ce nouvel outil à tuer est le logiciel, que ce soit pour le pilotage à distance, pour la surveillance des capteurs, etc. Par exemple, un de ces logiciels, appelé Bug Splat1, est utilisé afin de déterminer la taille de la bombe nécessaire afin de tuer sa cible. La déshumanisation est désormais intégrée dans le cœur de la machine.2

Côté logiciel, le Québec tient une place de choix. Si on ne construit pas de drones, on ne se gène pas pour les programmer. L'entreprise CAE conçoit plusieurs logiciels pour la gestion des batteries de capteurs permettant le pilotage des drones de combat.3 La même entreprise, de concert avec l'armée canadienne, finance aussi un laboratoire important au sein de l'université McGill dédié aux logiciels des drones de combat.4 Notons que le groupe "Demilitarize McGill" garde d'ailleurs un œil sur les relations entre l'université et l'armée.5

En-dehors des drones eux-mêmes, le logiciel peut aussi servir à l'entraînement des opérateurs et opératrices. Encore une fois, c'est CAE qui se démarque avec des contrats directement avec l'armée américaine6, quand ce n'est pas pour des usages prétendument civils.7 Et la boucle est bouclée lorsque Northrop Grumman, fabricant de drones de combats, vends des logiciels militaires de salle de contrôle ... au SPVM.8

On voit facilement comment les médias, qui rapportent essentiellement les communiqués de presse des chef militaires, nous montrent désormais une guerre sans violence. Une violence invisible pour nous n'en demeure pas moins réelle. Notre silence est le plus beau cadeau que nous pouvons donner aux atrocités de CAE, McGill, Northrop Grumman et les autres. C'est pourquoi il faut dénoncer haut et fort cette violence, attaquer les profiteurs de cette boucherie, lutter contre l'idéologie guerrière derrière ces attaques. À bas l'industrie de la mort ! À bas le capitalisme !

 

Notes

  1. https://bit.ly/1cJzwWi
  2. https://bit.ly/1qft3vx
  3. https://bit.ly/1MvITw2
  4. https://bit.ly/21C5Nsu
  5. https://demilitarizemcgill.com/en/
  6. https://bit.ly/1R89BjC
  7. https://bit.ly/22wJabk
  8. https://bit.ly/1Zh8NLb

 

Drones de combat : pourquoi une telle popularité ?

Depuis quelques années, l'utilisation des drones de combat s'est multipliée, au point où des centaines de modèles différents sont maintenant accessibles aux différents États capitalistes. Les drones de combat sont utilisés pour surveiller, pour bloquer les communications, mais surtout, pour détruire et tuer. Les invasions, en soi illégitimes, ne visent qu'à subjuguer les populations ciblées, et l'utilisation de drones dissimule médiatiquement les atrocités liées à une telle subjugation.

En effet, un récent rapport indique que lors d'attaques ciblées sur 41 personnes, pas moins de 1146 personnes non-ciblées ont été tuées.1 Au Pakistan seulement, en voulant tuer 24 personnes particulières, les drones n'ont atteint leur cible que six fois ... tout en tuant 874 autres personnes, incluant 142 enfants. Et ce rapport ne décrit que les cas de personnes ciblées. Une estimation plus exacte faite par des ancienNEs opérateurs et opératrices de drones de combat mentionne près de 6000 victimes, en date de juin 2015.2

Mais dans ce cas, qu'est-ce qui motive l'utilisation des drones de combat ? Comme dans tout ce qui touche le domaine militaire, la motivation principale est l'enrichissement des fabricants d'armes. La construction, l'entretien et l'opération des drones de combat est une industrie très lucrative. La propagande souligne le côté non-habité de l'arme, mais, en fait, une panoplie importante de personnes sont utilisées pour le maintenir en vol : pilotes, opérateurs et opératrices de capteurs, mécanicienNEs, manutentionnaires, agentEs de terrain, responsables de mission, soutien informatique, etc. Il faut aussi construire la salle de contrôle, prévoir un lien satellite, programmer le drone et le logiciel de contrôle ... En somme, s'il est possible d'avoir un drone General Atomics MQ-9 Reaper pour 17M$, une unité complète de quatre drones avec tout l'équipement demande une équipe de 171 personnes et un minimum de 120M$ d'investissement.3 Les drones coûtent effectivement plus chers que les avions militaires, une constatation qui n'est pas pas passée inaperçue de l'industrie militaire.

Qui plus est, le drone de combat demeure très fragile et vulnérable aux défectuosités matérielles et logicielles. Une perte de lien satellite, même momentanée, signifie généralement la perte de l'appareil. Dans un cas, un appareil devenu incontrôlable a dû être détruit en vol. Au total, c'est plus de 400 drones de combat qui auraient été détruits en date de juin 20144, pour un total de près de 6,8 milliards de dollars en coûts de remplacement, un montant qui ferait saliver n'importe quel capitaliste.

Au final, la popularité des drones de combat tient grâce à leur capital politique. Ils peuvent être utilisés discrètement, il n'y a pas de déploiement massifs publiés dans les journaux, pas de soldats morts à rapatrier aux familles. Pour les politicienNEs, les drones de combat sont l'arme idéale : ils peuvent mener la guerre sans impliquer la vie des précieux soldats « canadiens ». Sans compter que l'inefficacité et le coût élevé des drones ne réduit pas nécessairement l'efficacité des armées impériales. Les dommages collatéraux servent à réaffirmer la domination sur les populations locales, tandis que les profits générés par les compagnies d'armement sont en grande partie réinvestis pour le lobbying militaire …. permettant de justifier la prochaine invasion impérialiste.

 

Notes

  1. https://bit.ly/1uS1SeR
  2. https://bit.ly/1Lzksmv
  3. https://ti.me/1UIqvqm
  4. https://wapo.st/1w3F5em